Lettre en soutien à notre collègue Prof. Joseph Daher, SVP signer ci-dessous (collaborateur.ices de l'UNIL uniquement).

Support letter for our colleague Prof. Joseph Daher, please signe below (UNIL staff only).

Contre l’arbitraire de la direction de l’UNIL, solidarité avec notre collègue Professeur Joseph Daher

(English version below)

Par la présente, nous apportons notre soutien et notre entière solidarité à notre collègue Prof. Joseph Daher, victime d’une procédure arbitraire de la part de la direction de l’UNIL : le prétendu non-renouvellement de son contrat (signé en mai 2024) en tant que Professeur invité pour le semestre de printemps 2025. Cette position soudaine, injustifiée et infondée prive ses étudiant·e·s de son enseignement à l’UNIL, alors que son cours-séminaire intitulé « Histoire des relations internationales post-1945 » figure depuis des mois dans le plan d’études. Les étudiant·e·s effectuant leurs mémoires sous sa direction ont également été privé·e·s de sa supervision du jour au lendemain, ce qui n’est pas tolérable.

Cette procédure arbitraire, qui prive également notre collègue des ressources financières associées à son engagement, vient à la suite de mois d’acharnement à l’encontre de Joseph Daher de la part de la direction de l’UNIL. Le Prof. Daher a ainsi fait l’objet d’une enquête administrative pour le prêt de sa « campus card », une irrégularité légère dont sont certainement « coupables » bon nombre de collègues et qui ne justifie en rien la réaction brutale et totalement disproportionnée de la Direction. Dans le cadre de cette enquête la Direction de l’UNIL a refusé à notre collègue toutes ses demandes visant à établir la vérité sur la situation et plus largement, tout moyen de se défendre, avec un empressement que personne ne lui connaît.

Un tel acharnement administratif est une source d’inquiétude pour tou·te·s les autres employé·e·s de l’institution car personne n’est à l’abri. C’est d’autant plus inquiétant que la direction de l’UNIL n’a, parallèlement, apporté aucune protection au Prof. Daher contre la campagne de diffamation qu’il subit depuis plusieurs mois dans la presse suisse romande et suisse alémanique en lien avec sa défense des droits fondamentaux et son engagement dans le soutien aux revendications des étudiant·e·s de l’UNIL mobilisé·e·s pour la cause palestinienne. À ces faits il convient d’ajouter que la direction de l’UNIL a manqué à plusieurs reprises à son devoir de protection fonctionnelle envers l’un de ses employés, refusant de répondre aux sollicitations de journalistes et médias. Ce manquement à l’obligation de protéger la personnalité de l’un de ses collaborateurs ne saurait se justifier par le fait qu’il se serait exprimé sur la base d’opinions personnelles, étant donné la nature de ses qualifications et de son expertise sur les domaines sur lesquels il s’est exprimé.

Prof. Joseph Daher est en effet un chercheur internationalement reconnu dans le monde scientifique sur l’histoire politique du Moyen-Orient. Auteur de plusieurs ouvrages sur les sociétés du Moyen-Orient, il est titulaire de deux doctorats (l’un en science politique délivré par l’UNIL, l’autre en sciences du développement délivré par la renommée School of Oriental and African Studies de Londres). Il a enseigné dans plusieurs universités européennes (Ghent et Paris-Dauphine) et a été durant plusieurs années professeur invité au prestigieux Institut Universitaire Européen de Florence. Il est en outre engagé dans de nombreuses missions d’étude et de conseil auprès de diverses organisations internationales (UNESCWA Beirut, UNICEF, etc.), d’ONG (Impact), et d’instituts de recherche (Institut Asfari au sein de l’Université Américaine de Beyrouth, Friedrich-Ebert-Stiftung, Fondation pour la recherche stratégique, Paris ; Institut Clingendael, Hollande). Il est régulièrement sollicité pour son expertise par les médias internationaux. La Direction de l’UNIL aurait dû, a minima, rappeler les qualifications de M. Daher (son domaine d’expertise) et son statut (Docteur et Prof. invité à l’UNIL) lorsqu’elle était sollicitée par la presse à son sujet.

La mise à l’écart du Prof. Daher s’inscrit plus généralement dans un contexte politique de pressions et de répression contre les scientifiques engagé·e·s sur la question de la Palestine (comme ce fut le cas sur d’autres sujets par le passé). La chronologie des évènements l’indique clairement, notamment en relation avec l’occupation du bâtiment Géopolis en mai dernier par les étudiant·e·s réclamant la transparence sur les partenariats avec les universités en Israël et la suspension de ces accords au nom du principe de précaution. Les représailles politiques et d’arbitraire procédurier dont fait l’objet Prof. Daher sont insoutenables pour notre institution et notre communauté universitaire. Nous sommes de fait face une grave violation des principes fondamentaux que sont la liberté académique et d’expression, principes menacés comme l’avertit la rapporteuse spéciale de l’ONU sur le droit à l’éducation, Farida Shaheen, dans son rapport « Principes pour la mise en œuvre du droit à la liberté académique ». Ces mesures arbitraires vont également à l’encontre des cinq valeurs inscrites dans la charte de l’UNIL : savoir critique, autonomie, universalité, engagement citoyen et reconnaissance des personnes.  La mise à l’écart du Prof. Daher et le fait de le priver du droit de se défendre constituent le parachèvement du déni de ses droits fondamentaux. Cette manière d’agir devrait inquiéter tou·te·s les salarié·e·s de l'UNIL.

Pour toutes ces raisons, nous tenons à exprimer notre très vive indignation. Les mesures prises par la Direction de l’UNIL rejoignent la longue suite d’atteintes nationales et internationales portées à la liberté de penser, d’enseigner, de rechercher et d’apprendre ayant touché et continuant de toucher enseignant·es, chercheur·ses et étudiant·e·s. Elles menacent les droits démocratiques fondamentaux de toutes et tous, tout en jetant le discrédit sur une institution qui n’existe que par les membres qui la constituent et qui n’appartient pas plus à celles et ceux qui la dirigent pour un temps qu’aux forces vives qui la constituent.

En conséquence, nous demandons avec vigueur et indignation la réintégration immédiate de notre collègue Joseph Daher dans son enseignement et ses fonctions au sein de la Faculté des Sciences Sociales et Politiques, afin que l’intégrité, l’honneur et la réputation de notre université soient préservés.

___________________________English version___________________________

Against the arbitrary decision of the UNIL rectorate, solidarity with our colleague Prof. Joseph Daher

We offer our support and full solidarity to our colleague Prof. Joseph Daher, victim of an arbitrary procedure on the part of the UNIL rectorate: the alleged non-renewal of his contract (signed in May 2024) as a Visiting Professor for the spring semester 2025. This sudden, unjustified and unfounded position deprives his students of his teaching at UNIL, despite the fact that his seminar course entitled “History of International Relations Post-1945” has been on the syllabus for months. Students working on their masters dissertations under his supervision have also been deprived of his supervision overnight, which is intolerable.

This arbitrary procedure, which also deprives our colleague of the financial resources associated with his commitment, follows months of relentlessness against Joseph Daher by UNIL management. Prof. Daher was the subject of an administrative investigation for the loan of his “campus card”, a minor irregularity of which many colleagues are certainly “guilty” and which in no way justifies the brutal and totally disproportionate reaction of the UNIL management. As part of this investigation, the UNIL rectorate refused our colleague all of his requests to establish the truth about the situation and, more broadly, any means of defending himself, with an eagerness that no one knows it to have.

Such administrative relentlessness is a source of concern for all other employees of the institution because no one is safe. This is all the more worrying since the UNIL management has, at the same time, provided no protection to Prof. Daher against the smear campaign he has been subjected to for several months in the French- and German-speaking Swiss press in connection with his defence of fundamental rights and his commitment to supporting the demands of UNIL students mobilized for the Palestinian cause. In addition, UNIL’s management has repeatedly failed in its duty of functional protection towards one of its employees, refusing to respond to requests from journalists and the media. This breach of the obligation to protect the personality of one of its employees cannot be justified by the fact that he expressed himself on the basis of personal opinions, given the nature of his qualifications and his expertise in the fields in which he expressed himself.

Prof. Joseph Daher is an internationally recognized scholar of Middle Eastern political history. The author of several books on Middle Eastern societies, he holds two doctorates (one in political science from UNIL, the other in development sciences from London’s renowned School of Oriental and African Studies). He has taught at several European universities (Ghent and Paris-Dauphine) and for several years was visiting professor at the prestigious European University Institute in Florence. He is also involved in numerous study and consultancy missions for various international organizations (UNESCWA Beirut, UNICEF, etc.), NGOs (Impact) and research institutes (Asfari Institute at the American University of Beirut, Friedrich-Ebert-Stiftung, Fondation pour la recherche stratégique, Paris; Clingendael Institute, Holland). His expertise is regularly sought by the international media. The UNIL management should have, at the very least, recalled Mr. Daher’s qualifications (his area of ​​expertise) and his status (Doctor and visiting Professor at the UNIL) when asked about him by the press.

The sidelining of the Prof. Daher is part of a wider political context of pressure and repression against scientists involved in the question of Palestine (as has been the case on other topics in the past). The chronology of events clearly indicates this, particularly in relation to the occupation of the Géopolis building last May by students demanding transparency on partnerships with universities in Israel and the suspension of these agreements in the name of the precautionary principle. The political reprisals and procedural arbitrariness to which Prof. Daher is subjected are unsustainable for our institution and our university community. We are in fact facing a serious violation of the fundamental principles of academic freedom and freedom of expression, principles which are under threat, as warned by the UN Special Rapporteur on the Right to Education, Farida Shaheen, in her report “Principles for the implementation of the right to academic freedom”. These arbitrary measures also run counter to the five values enshrined in UNIL’s charter: critical knowledge, autonomy, universality, civic commitment and recognition of individuals.  The sidelining of Prof. Daher and depriving him of the right to defend himself constitutes the completion of the denial of his fundamental rights. This way of acting should worry all employees of the UNIL.

We are outraged by these developments at our university. The measures taken by UNIL’s management join the long series of national and international attacks on the freedom to think, teach, research and learn that have affected and continue to affect teachers, researchers and students. They threaten the fundamental democratic rights of all, while discrediting an institution that exists only through the members who make it up, and that belongs no more to those who run it for a time than to the vital forces that make it up.

As a result, we demand the immediate reinstatement of our colleague Joseph Daher to his teaching and duties within the Faculty of Social and Political Sciences, so that the integrity, honor and reputation of our university may be preserved.