VERSION FRANCAISE  

Lettre ouverte à la Direction et au Conseil de l’UNIL en soutien aux recommandations du groupe de travail sur les enjeux éthiques et les collaborations externes 

Cher Monsieur le Recteur,  
Chers membres de la Direction,  
Chers membres du Conseil de l’UNIL, 

Au nom du comité du collectif pour la liberté académique, la démocratie et la solidarité (CLADS), et des soussignés membres de la communauté UNIL, nous exprimons notre soutien aux recommandations émises par le groupe de travail mandaté par la Direction de l’UNIL, dans son rapport sur les enjeux éthiques des collaborations externes publié le 28 janvier 2025.Nous appelons à leur mise en œuvre dans les plus brefs délais.  

Nous applaudissons l’indépendance, la conscience et le professionnalisme de nos collègues du groupe de travail, qui font honneur à la communauté universitaire de l’UNIL dans son entièreté. Leur rapport estrigoureux et solidement argumenté.Il exprime la volonté, que nous partageons,d’aligner les collaborations de l’UNIL avec ses valeurs fondamentales, le bien public, les droits humains et le droit international. Le rapport est ainsi le reflet d’une réflexion nécessaire et bienvenue, contribuant à fortifier l’intégrité et la réputation de notre université. Les recommandations du rapport servent ainsi toute la communauté académique, car nos liens de collaboration ne devraient jamais se faire au détriment de nos valeurs les plus fondamentales et de la mission première de l’université, qui est, par le développement de nos savoirs, de servir le public, la démocratie et les droits humains. 

Une de nos valeurs fondamentales est la liberté académique, qui inclut la liberté de choisir et refuser ses collaborations. Toutefois, il est essentiel de rappeler qu’aucune liberté n’est absolue. La liberté académique est limitée par les obligations et responsabilités qui s’appliquent à la communauté universitaire. Ainsi la liberté de choisir une collaboration ne doit primer ni sur les droits humains ni sur le droit international : une collaboration de l’UNIL qui soutient des institutions ou un gouvernement participant à des atteintes massives contre les droits humains, et qui prête de ce fait notre légitimité et bonne réputation à ces institutions et à leurs actions, ne peut être défendue en termes de liberté académique, car elle contrevient aux buts et aux fondements mêmes de cette liberté.  

Nous comprenons, comme l’explique bien le rapport, qu’une diversité de collaborations existe, impliquant plus ou moins l’UNIL en tant qu’institution, et ainsi contribuant plus ou moins à la réputation des institutions avec lesquelles nous avons des collaborations. Nous appuyons les conclusions et recommandations du rapport concernant cette diversité, et la responsabilité institutionnelle de l’UNIL de se préserver, elle et sa communauté, de toute implication de complicité ou soutien à des crimes contre l’humanité.  

De surcroît, notre université publique, comme toutes les autres universités fédérales et cantonales, fait partie de l’État suisse. À ce titre elle se doitd’adhérer aux accords internationaux que celui-ci a ratifiés, surtout sur des questions de droits humains.L’UNIL, comme les autres universités suisses, est tenue de respecter les dispositions nationales et internationales en termes de droits humains. Ceci implique de mettre en œuvre les injonctions de la Cour internationale de Justice et de la Cour pénale internationale, et, comme le rapport l’indique, de prendre rapidement des mesures provisionnelles de suspension de collaborations en cas d’accusations de crimes contre l’humanité.Notre recherche et nos collaborations ne peuvent aller à l’encontre de ces injonctions, sous peine de nous rendre complices des atteintes au droit international et aux droits humains. 

Nous remercions et félicitons la Direction de l’UNIL d’avoir mandaté ce rapport, nos collègues du groupe de travail pour leur rigueur, et le Conseil de l’UNIL pour son rôle de gouvernance collective. Nous appelons maintenant à la Direction et leConseil de l’UNIL àmettre en œuvre les recommandations du rapport qui relèvent de leurs prérogatives dans les plus brefs délais. Ceci inclut bien sûr la mise en place d’un dispositif d'évaluation des collaborations, comme l’a déjà indiqué la Direction. Mais surtout, ceci implique la mise en œuvre immédiate des mesures provisionnelles : la suspension des collaborations avec les partenaires impliqués dans des violations graves ou systématiques des droits humains, selon les ordonnances de la Cour Internationale de justice, les mandats d’arrêt de la Cour pénale internationale, ou encore les rapports des ONGs internationales Human Rights Watch et Amnesty International. Nous encourageons également nos collègues d’autres universités suisses, et dans la communauté académique internationale, à s’inspirer du rapport du groupe de travail UNIL pour repenser les implications éthiques et légales de leurs collaborationsen termes de droits humains et droit international.   

ENGLISH VERSION 

Open letter to theRectorate and Council of UNIL in support of the recommendations of the working group on ethical issues and external collaborations  

Dear Rector,   
Dear members of the Rectorate,   
Dear members of the UNIL Council,  

On behalf of the committee of the Collective for academic freedom, democracy and solidarity (CLADS), and the undersigned members of the UNIL community, we express our support for the recommendations made by the working group commissioned by the UNIL Rectorate, in its report on the ethical issues of external collaborations published on January 28, 2025. We call for theirtimely implementation.   

We applaud the independence, conscientiousness and professionalism of our working group colleagues, who are a credit to the entire UNIL academic community. Their report is rigorous and solidly argued. It expresses the desire, which we share, to align UNIL's collaborations with its fundamental values, the public good, human rights and international law.  

We understand, as the report well explains, that a diversity of collaborations exists, involving UNIL as an institution to a greater or lesser extent, and thus contributing to a greater or lesser extent to the reputation of the institutions with which we collaborate. We support the report's conclusions and recommendations concerning this diversity, and UNIL's institutional responsibility to protect itself and its community from any implication of complicity or support for crimes against humanity.  The report thus represents a necessary and welcome reflection, aiming to fortify the integrity and reputation of our university. The report's recommendations serve the entire academic community, since our collaborative ties should never be at the expense of our most fundamental values and the university's primary mission, which is, through the development of our knowledge, to serve the public, democracy and human rights.  

One of our fundamental values is academic freedom, which includes the freedom to choose and refuse collaborations. However, it is essential to remember that no freedom is absolute. Academic freedom is limited by the obligations and responsibilities that apply to the university community. Thus, the freedom to choose a collaboration must not take precedence over human rights or international law: an UNIL collaboration that supports institutions or a government involved in massive human rights abuses, and thereby lends our legitimacy and good name to these institutions and their actions, cannot be defended in terms of academic freedom, as it contravenes the very aims and foundations of this freedom.   

We understand, as the report explains, that a diversity of collaborations exists, involving UNIL as an institution to a greater or lesser extent, and thus contributing to a greater or lesser extent to the reputation of the institutions with which we collaborate. We support the report's conclusions and recommendations concerning this diversity, and UNIL's institutional responsibility to protect itself and its community from any implication of complicity or support for crimes against humanity.   

Furthermore, our public university, like all other federal and cantonal universities, is part of the Swiss state.  As such, it is obliged to adhere to the international agreements it has ratified, particularly those concerning human rights. UNIL, like other Swiss universities, is obliged to respect national and international human rights provisions. This implies implementing the injunctions of the International Court of Justice and the International Criminal Court, and, as the report indicates, rapidly taking provisional measures to suspend collaborations in the event of accusations of crimes against humanity. Our research and collaborations must not run counter to these injunctions, otherwise we become complicit in violations of international law and human rights. 

We would like to thank and congratulate UNIL’srectorate for commissioning this report, our colleagues on the working group for their rigor, and the UNIL Council for its role in collective governance. We now call on UNIL Rectorate and Council to implement the report's recommendations that fall within their prerogatives as quickly as possible. This includes, of course, setting up a system for evaluating collaborations, as already indicated by UNIL’s rectorate. But above all, it implies the immediate implementation of provisional measures: the suspension of collaborations with partners implicated in serious or systematic human rights violations, in accordance with the orders of the International Court of Justice, the arrest warrants of the International Criminal Court, or the reports of the international NGOs Human Rights Watch and Amnesty International. We also encourage our colleagues at other Swiss universities, and in the international academic community, to draw inspiration from the UNIL working group's report to rethink the ethical and legal implications of their collaborations in terms of human rights and international law.